Mais,
comme le rappelle Philippe VALCQ dans son ouvrage consacré aux moulins
du montreuillois, tout a commencé il y a fort longtemps : le pain est
essentiel dans l'alimentation et pour cela, il faut de la farine! Celui
qui détient le droit de moudre est sûr de son pouvoir et de sa richesse
.
" Erigé en commune en
1393, par lettres patentes du roi, le village de Verton existait déjà au
commencement du IXème siècle. Il figure avec l’orthographe Vertunum,
dans la « Chronique Centulence » d’Hariulfe à la date de 856,
et dans le Cartulaire de Saint-Bertin à celle de 877.
Ses salines et son
port de mer avec marché », lui avaient conféré une importance certaine
sous le gouvernement des comtes de Ponthieu.
Les habitants de la
commune de Verton étaient dans l’obligation de faire moudre leur grain au
moulin que l’abbaye de Dommartin possédait à Tigny, à l’exception toutefois des
vassaux du seigneur de Maintenay qui avait un moulin particulier, sur le fief
de Raincourt, « en la ville de Verton, tenu par Charles de Soyécourt du
Chastel de Maintenay » (23).
Un aveu de 1311 nous
apporte d’autres précisions, puisqu’il y est dit que l’héritier de Maillard de
Senlis tient en fief « le molin de cocane » et « le molin à yaue
à Verton », celui-ci appartenant par tiers à la dame châtelaine de Verton,
à Pierre du Moulin et à Tassars de Beaumont.
Il faudra ensuite
attendre l’année 1758 pour voir figurer un moulin sur la carte de Cassini (voir
l’adaptation de cette carte réalisée par Michel Troublé). Bâti dans « le
grand Marais » situé à gauche des allées du château (actuelle route de
Verton à Rang-du-Fliers), il est mentionné par A. Ledieu pour l’année 1763,
comme « faisant du blé ». Il le sera une dernière fois sur le
plan de la Bretonnière et Méchain, avant d’être détruit peu après, car il
n’existe plus en 1808.
Puis, avant 1830,
deux nouveaux moulins sont construits à Verton, l’un sur le chemin conduisant
au Bahot, et l’autre dans le hameau même à droite du chemin qui se dirige vers
Ebruyères, juste avant qu’il ne coupe la route de Conchil-le-Temple à
Wailly-Beaucamp.
Le premier, le plus
connu, appartint d’abord à un sieur Bethouart, auquel succéda vers 1875,
Hilaire Ducorroy qui le céda à son tour à Victor Lavoisier de Calais. Celui-ci
ne l’exploitant pas lui-même, s’en dessaisit au profit du meunier Lebrun :
« Vente sur conversion saisie de Verton,
le jeudi 30 décembre 1880, 3 heures, un moulin à vent situé à Verton, au lieu
dit « le moulin Béthouart », construit en briques, faisant du blé,
farine avec ses tournants, virants, travaillants, meules et accessoires,
ensemble le terrain sur lequel il est érigé d’une contenance de 28 ares environ
en ce compris le chemin accédant au dit moulin, tenant du levant à Mouret, du
couchant au chemin des lignières, du Nord à Lebel et au midi à Holleville.
Occupé par le sieur Lebrun partie saisie. Lebrun Léon Oscar cultivateur à
Verton ».
Le moulin changea
ensuite de désignation au rythme de ses propriétaires successifs. De
« moulin Béthouart », il passa à celle de « moulin Tétu »
en 1900. Fonctionnant sous l’autorité de Tétu jusqu’en 1909, il tomba un temps
en abandon, avant d’être repris vers 1912 par Pierre Payement dit
« Colin » qui le restaura et lui donna son nom.
Durant la guerre
14-18, un bataillon de soldat anglais cantonna dans un champ, en face du
moulin. Colin eut alors l’idée de construire une guinguette à proximité, face
au barraquement jouxtant son moulin et qui lui servant d’habitation. Cette
guinguette connut beaucoup de succès durant la période de cantonnement des
Anglais dans le village.
De 1843 à 1846, près
de ce moulin, une maisonnette en bois abrita le télégraphe sémaphore. Le roi
Louis-Philippe, à partir de son château d’Eu, établissait grâce à lui une
correspondance avec l’Angleterre."